Les principales structures de construction |
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Le corps de la Saraswati vina est constitué de trois parties principales : la caisse, appelée kudam, formant une cavité commune avec le manche (dandi), et le cheviller séparé par une cloison. |
A ces quatre structures de base nous adjoindrons quatre variantes obtenues lorsque le Yali, sculpture décorative n'ayant aucune fonction dans la production sonore, est intégré au cheviller. Nous indiquerons par un " + " ces variations particulières, et résumons dans le tableau ci-dessus les huit types ainsi décris avec leur désignation. |
Facture de la caisse |
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La caisse est sans doute la pièce demandant le plus gros travail dans la réalisation d'une vina d'Inde du sud. Qu'elle soit rattachée au manche (type 1 ou 2 A) ou isolée (structure 2 B ou 3), sa fabrication reste semblable. Le croquis ci-contre illustre sa géométrie, ses courbes et ses proportions. |
Dans ce dernier cas un spécialiste, comme à Tanjore, est chargé de cette tâche qu'il réalise pour tous les luthiers. L'adresse de ces ouvriers est très grande, esquissant avec ce lourd outil la silhouette générale de l'instrument, négociant au mieux entre les noeuds et les multiples défauts du bois, faisant preuve à chaque coup d'une extrême précision, la moindre inattention pouvant endommager irrémédiablement la pièce. Cette première ébauche achevée, la pièce est généralement mise à sécher pendant un temps pouvant varier de quelques semaines à une ou deux années. Après ce temps de repos, le travail de sculpture de la caisse reprend, à l'aide de ciseaux et de gouges cuillères de différentes tailles, jusqu'à l'obtention d'une forme lisse d'une épaisseur comprise entre 6 et 8 mm. Dans le cas d'instruments où le manche est emboîté par la suite (structures 2 B et 3), la partie où se logera l'emboîtement est conservée pleine jusqu'au moment du montage final, où elle pourra alors être rapidement évidée par quelques coups de scie et de ciseaux. Certains instruments anciens montrent des parois de 2 ou 3 mm seulement mais une telle finesse, donnant à la vina légèreté et ampleur sonore, est aussi souvent une cause de grande fragilité. Une épaisseur supérieure est dans ce cas conservée à l'extrémité opposée au manche, pour la fixation du cordier, ainsi que sur le dessus pour le maintien de la table. |
Facture du manche |
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Le manche de la vina est évidé sur toute sa longueur, et revêt ainsi l'aspect d'une "gouttière", se rétrécissant progressivement en profondeur et en largeur en se rapprochant du chevillier. Ce rétrécissement, variable en ampleur suivant les luthiers et les écoles, est fonction des angles déjà définis dans la géométrie de la caisse. La figure ci-contre indique les proportions et les principales mesures caractérisant le dessin de cette pièce. Ainsi que nous l'avons remarqué plus haut, le manche de la vina peut, suivant la structure adoptée, être fabriqué de manière indépendante (type 3), de manière solidaire du chevillier (type 2 B), de la caisse (type 2 A), ou de ces deux pièces (type 1). Les parties construites séparément sont assemblées entre elles par des emboîtements où une partie "mâle" située sur un des éléments s'encastre dans un orifice "femelle" pratiqué sur l'autre. Le sens de ces liaisons est toujours semblable dans la facture de la vina : le chevillier présente un tenon s'encastrant dans le manche, qui lui-même possède un joint évasé s'emboîtant dans la caisse. La facture du manche est bien entendu très dépendante de ces diverses configurations, une part importante du travail pouvant résulter de la préparation de ces liaisons. |
Quelle que soit la structure choisie, la fabrication de cette pièce reste assez simple, et ne requiert pas les étapes de dégrossissage suivi de séchage décrites plus haut. La facture passe ainsi directement du sciage grossier à la réalisation définitive, où l'épaisseur des parois est analogue ou légèrement supérieure à celle de la caisse. Son profil rectiligne favorise, pour son creusement et sa mise en forme, un usage important de la scie et du rabot permettant un retrait de matière plus sûr et plus rapide. Les ciseaux, gouges cuillères et râpes sont aussi utilisées pour le travail de finition. Dans le cas d'une vina de type 1 ou 2 A, le manche n'est travaillé que lors de la sculpture finale et précise de la caisse. |
Facture du chevillier |
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Le cheviller forme un compartiment séparé du reste du corps de la vina par une cloison. Sa fonction principale est de recevoir les quatre chevilles des cordes mélodiques, qui le traversent horizontalement de part en part. Sa fermeture par un "couvercle" est facultative mais devient de plus en plus répandue de nos jours, par imitation (ou domination) de la facture de Tanjore. Le chevillier peut alors servir de boite où le musicien rangera de menus accessoires, onglets, chiffons, petite boîte de lubrifiant etc. |
Le Yali |
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Le yali, animal mythique moitié lion moitié dragon, est un très ancien motif de la statuaire indienne, qui peut être observé sur les murs de nombreux temples d'Inde du sud, des dynasties Pallava (VIIème siècle), Chanukya (X - XIème siècle) ou Hoysala (XIIème au XIVème). Il figurait déjà comme ornement sur l'ancêtre très lointain de la vina, la harpe en arc dénommée yazh à qui il avait donné son nom. Son rôle dans la production du son est bien sûr inexistant, mais sa présence en haut du manche est aussi incontournable que celle de la volute sur le violon. Quelques instruments ont tenté d'adopter d'autres motifs mais cela est toujours resté extrêmement marginal. |
Facture de la table |
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La table est une pièce d'une très grande importance pour la qualité finale du timbre de la Saraswati vina. Le bois dans lequel elle est réalisée doit être correctement séché, sans noeud ni défaut, et présenter des fibres bien parallèles au sens longitudinal de l'instrument. Elle est généralement façonnée à l'intérieur d'une unique planche de bois, mais parfois aussi un montage de deux morceaux, collés entre eux par la tranche, est utilisé. Le jaquier, le palissandre et le red cedar peuvent être employés pour sa confection. |
La Touche |
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Il est difficile de décrire une forme archétype de la "touche" de la vina car plusieurs modèles assez différents sont employés suivant les écoles. Le plus répandu, suivi à Tanjavur, consiste à couvrir le manche par une longue planche (dandipalakka) prolongeant la table d'harmonie dans le même plan. Deux baguettes de bois, servant de base à la cire dans laquelle sont retenues les frettes, font saillies au dessus de cette planche et ces deux baguettes supportant les frettes viennent reposer sur la table. |
Finitions |
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L'instrument ainsi assemblé, les petites fissures ou imperfections sont bouchées à l'aide d'un mastic fait de colle de peau, de poudre de craie et de colorant. Une décoration est souvent appliquée sur la table, les joints, et les lignes de séparation entre les parties supérieures et inférieures du corps. Elle était faite traditionnellement en corne de cerf mais, suite à l'interdiction de ce matériau au début des années 1970, elle est réalisée de nos jours en feuilles de plastique blanc. Ses multiples aspects sont étudiés largement dans les pages relatives aux factures régionales. La vina est enfin recouverte d'un vernis synthétique assez rudimentaire, le "french polish", utilisé par la plupart des ébénistes en Inde du sud. |