Le jeu de la vina est très étroitement lié à l'évolution même de la musique carnatique. Bien que cette musique soit principalement vocale, elle a développé au cours des siècles des techniques d'ornementation très élaborées qui ont pour beaucoup pris naissance dans la manière de frapper, de glisser ou de tirer sur les cordes de cet instrument. Une forme musicale, le tanam, est même directement inspirée du jeu de la vina et de son utilisation particulière des cordes de tala. On n'insistera donc jamais assez sur l'importance de la vina dans la genèse et dans le développement de la musique carnatique.
De multiples techniques de jeu sont apparues au cours des siècles, certaines cherchant à imiter la souplesse de la voix humaine, d'autres mettant plus en relief les possibilitées propres à un instrument à cordes pincées, s'inspirant même parfois récemment de certaines techniques empruntées à des instruments étrangers (guitare ou sitar par exemple). De nos jours l'utilisation privilégiée de telle ou telle technique est un des points permettant de caractériser les styles régionaux ou les banis qui ont marqué l'histoire musicale de la vina, particulièrement depuis le dix-neuvième siècle.
La notation de la musique est très succincte dans la tradition indienne. Un système syllabique mnémotechnique est généralement utilisé pour se souvenir de la forme mélodique principale
des pièces interprétées, mais il peut se réveller insuffisant pour saisir l'intégralité des ornementations. La vina, ayant permis en quelque sorte de "matérialiser", ou de rendre pour le moins visuelle ces différentes ornementations, a été un agent moteur dans l'élaboration de notations ou de tablatures plus complexes et plus fidèles à la réalité de la musique. Des systèmes plus ou moins élaborés ont ainsi été essayés pour tenter de retranscrire au plus près la complexité mélodique engendrée par les ornementations. Ces systèmes permettent une analyse plus fine des styles musicaux mais, lorsque leur précision devient extrème, ils tendent à gommer l'architecture globale des improvisations ou des compositions. Ils sont donc alors à utiliser avec prudence, et à réserver à des analyses ponctuelles.
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