Les trois cordes de tala, jouées à vide, sont pincées de bas en haut par l'auriculaire de la main droite. Ceci est dénommé kanistika mittu dans les ouvrages théoriques. L'ongle de l'auriculaire sert normalement à réaliser ce pincement, mais quelques musiciens emploient à cet effet un petit onglet métallique, de forme analogue à ceux utilisés en occident pour le jeu de la guitare.
Trois sortes de pincements sont rencontrés suivant les styles et les impératifs musicaux : 1/ : l'attaque simultanée des trois cordes en "accord plaqué", 2/ : un pincement des mêmes cordes égrenées lentement en "accord arpégé", et enfin 3/ : l'attaque sélective d'une seule des trois cordes. Le kanistika mittu peut par ailleurs être effectué seul, ou conjointement avec un pincement d'une corde mélodique par l'index ou le majeur.
Les cordes de tala doivent leur nom au fait que leur vocation première est d'être pincées, généralement toutes ensemble, sur les temps forts des cycles rythmiques, marquant ainsi son déroulement régulier. Ces temps forts sont les premiers temps des laghus, des drutams ou de l'anudrutam. En Adi tala ceci correspondra aux premier, cinquième et septième temps. Cette utilisation est largement répandue, sans distinction d'école particulière. La rigueur du maintien de ce marquage tout au long d'un morceau est par contre assez variable d'un artiste à l'autre.
Les cordes de tala ont pour autres fonctions, dans les parties d’alapana, de servir de ponctuation ou même de bourdon. C'est surtout dans cette forme improvisée que la diversité de pincements (plaqués, arpégés ou isolés) et d'utilisation est manifeste. Certaines écoles n'emploient presque jamais ces cordes pendant l’alapana, d'autres les utilisent très discrètement entre les phrases mélodiques, d'autres encore y ont recours à tout moment.
Ces cordes ont enfin une grande importance dans l'exécution des tanams. C'est sans doute leur présence qui fait de la vina le moyen privilégié d'interprétation de cette forme. Elles peuvent être alors pincées simultanément ou en alternance avec les cordes mélodiques.
Le groupe des cordes de tala a ainsi trois fonctions, de ponctuation, de bourdon et de maintien de la pulsation rythmique, mais ne participe que très rarement à la production de la mélodie même. Son rapport avec la voix peut donc sembler moindre. Il intègre cependant les deux actions que chaque chanteur entretient continuellement avec chacune de ses deux mains, le marquage régulier du tala et le lent égrènement des cordes du tampura. |