Styles, écoles et banis |
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Les styles de jeu sur la vina en Inde du sud sont classés habituellement suivant deux tendances, le style "gayaki" ou style "vocal", dans lequel l'instrument cherche à copier au plus près le modèle chanté, et le style instrumental, dit "vainika"acceptant les limites et tirant avantage des particularités de la vina. Ces deux styles ne sont bien sûr pas clairement séparés mais constitueraient plutôt les deux extrémités d'une droite infinie sur laquelle chaque artiste se positionnerait. Aucun musicien ne saurait en effet affirmer reproduire totalement sur son instrument les particularités de la voix chantée, comme personne ne peut en Inde du sud s'abstraire complètement du modèle vocal, inéluctablement lié à toute interprétation d'une composition. L'adhérence à l'un de ces deux styles est donc beaucoup plus un positionnement esthétique, une manière de concevoir la place de la pratique instrumentale, qu'une stricte réalité objective. |
Les quatre états de l'Inde du Sud, domaines des styles régionaux |
A l'intérieur des quatre écoles géographiques, des sous-groupes développant des caractéristiques techniques ou esthétiques particu-lières se sont constitués à l'initiative généralement d'un grand maître novateur. Ces sous-groupes, appelés "banis" sont assez comparables aux "gharanas" hindousthanis. Ils peuvent être désignés du nom de leur fondateur (ex. : "bani de Vina Dhanammal") ou du lieu particulier où ils sont apparus (ex. : "Banide Vizianagaram"). Le nombre de ces traditions est d'environ une dizaine. A ce niveau de morcellement commence cependant la grande difficulté de l'identification et de la délimitation de chacun de ces styles, né du génie d'un artiste hors pairs, et interprété ensuite à travers le prisme de la créativité individuelle de tous ses successeurs. Certaines caractéristiques resteront constantes tandis que d'autres seront plus ou moins modifiées, chaque musicien d'importance apportant sa part d'innovation à l'intérieur du bani. La plupart des artistes de premier ordre, éprouvant une grande fierté par rapport à la tradition dont ils ont héritée tout en ne minimisant aucunement leur apport personnel, revendiquent leur appartenance à une de ces écoles instrumentales. Un musicien d'exception comme S. Balachander, disparu il y a seulement quelques années, autodidacte ayant pratiqué un jeu réellement original, peut se voir attribuer sans conteste la paternité d'un nouveau bani. |